Délocaliser sa production : quelques conseils

Je suis toujours surprise de voir la provenance des articles Ikea : Chine bien sûr, mais aussi Thaïlande, Pologne, ou tout simplement Suède. Voici quelques concepts importants si vous pensez à délocaliser votre production, que ce soit de produits ou de services.

Éviter de mettre tous ses œufs dans le même panier

Délocaliser votre production ajoute une dose de risque géopolitique dans votre modèle d’affaires. En effet, ces pays sont souvent un peu plus instables que les économies occidentales. À tout le moins, ils sont limitrophes de pays dans lesquels la stabilité politique est faible et les infrastructures plus fragiles. En envoyant toute votre production dans un pays, vous risquez de vous trouver en situation d’otage, dans le cas où ce dernier ferme ses frontières ou crée des taxes spéciales à l’exportation.

Vous pourriez également vivre des arrêts de production importants, si un évènement climatique majeur (inondation, typhon, tremblement de terre) venait mettre à mal les infrastructures. Dans ces pays, elles auront besoin de plus de temps pour être remises à niveau. Ikea répartit donc sa production dans le monde, avec des fournisseurs dans plus de 50 pays et seulement 22% de « Made in China ». Ils pourraient être en rupture de stock sur un produit, mais leurs magasins continueront de présenter les autres.

Quel impact aurait la rupture d’approvisionnement de la production délocalisée sur le reste de vos opérations ? Quels sont les risques associés aux pays ou à la région que vous avez choisie ? Quelle est leur probabilité ?

La barrière de la langue et de la culture

C’est particulièrement important quand vous délocalisez des services. Vous devez vous assurez de bien communiquer avec les personnes qui vont travailler avec vous. Elles font des efforts pour commuhniquer avec vous, mais quand une (ou deux) personnes parlent une langue qu’elles ne maitrisent pas parfaitement, il peut y avpoir des malentendus.

Vous prendrez garde de faire un suivi par écrit des points de décision ou d’action dont vous pensez avoir convenu. C’est toujour splus facile de confirmer et comprendre un texte écrit qu’un échange verbal, au téléphone ou au cours d’un appel vidéo.

Au delà de la compréhension des mots, il y a aussi toute une question de culture. Si vous faites développez un produit ou un service en lien avec des choses qui sont inconnues pour vos partenaires, ils risquent d’Avoir du mal de se emttre dans la peau de vos clients. Un exemple tout simple, c’est la neige. Beaucoup de monde n’a jamais vu de la neige tomber. C’est une expérience qu’ils ne connaissent que par les vidéos.

Comme notre culture fait partie de nous, il est parfois difficile d’imaginer en quoi des choses qui nous semble évidente ne le sont pas pour d’autres.

Comment allez-vous vous assurer que votre partenaire comprend ce que vous voulez ? Quelle langue de communication utilisez-vous ? Y-a-t’il des spécificités culturelles que votre partenaire doit comprendre ?

L’impact de la taille des lots et du transport

En général, comme vous produisez loin pour réduire les coûts, vous allez choisir le transport par bateau. Vous allez produire de grosses quantités, qui vous seront livrées en lots de taille importante. La première implication de la taille des lots est l’impact sur le reste de la chaine logistique. En effet, en recevant d’un coup un volume important d’une seule référence, comment allez-vous vous organiser ? Le stockage a un coût non négligeable. Comment allez-vous réagir lors d’un retard d’approvisionnement, du par exemple à une mauvaise météo lors de la navigation ? Si vous louez un entrepôt pour stocker ces pièces, comment allez-vous le dimensionner ? Comment allez-vous gérer le transport pour amener ces pièces sur votre site de production ?

Ikea est bien entendu un champion de la logistique. Ils optimisent la forme des emballages pour en mettre plus dans le même conteneur. Ils utilisent le transport ferroviaire et maritime. À l’inverse, ils réduisent la variété des produits, pour que le modèle de délocalisation reste rentable avec ses tailles de lots importantes.

Quelle est la taille de lot minimum que vous devez commander pour que la délocalisation soit financièrement intéressante ? Quels sont les impacts sur le reste de votre chaine logistique ? Quel est l’impact de la baisse du coût d’une pièce sur l’ensemble de votre production ?

Le coût d’une erreur

Les produits d’Ikea sont assez simples : quelques pièces moulées ou usinées, très standardisées. La variation est gérée avec les références : un canapé est constitué d’une structure (une référence) et une housse (deuxième référence). La complexité réside dans les kits de vis fournis avec chaque meuble. S’il arrive, rarement, d’avoir des pièces en trop, les pièces manquantes sont extrêmement rares. Heureusement pour Ikea. J’ai vécu cette situation, sur une pièce particulière : non disponible en magasin, IKEA me l’a expédié par la Poste, de Suède. Entre le coût de l’employé en magasin, de l’employé de l’entrepôt, du stock et de l’expédition… Cette vis a coûté plus de 50$ à Ikea, de quoi réduire fortement la marge faite sur le meuble, pourtant très standardisé.

Je vous donne un autre exemple sur un projet Kickstarter : une erreur sur un composant électronique, qui ne peut être connue qu’après son assemblage, a eu un coût particulièrement élevé.

Comment allez-vous gérer une erreur de fabrication : détection, correction… sans être sur place en permanence ? Comment allez-vous dédommager vos clients, réparer ce qui doit l’être ? Est-ce que les erreurs peuvent être ponctuelles ? Un dérèglement progressif peut-il entrainer des erreurs sur des lots complets ? C’est toute la question du risque que vous pouvez accepter, et des contrôles à mettre en place.