Faits marquants de la culture des coopératives

Comme vous pourrez le constater dans mon premier article, les coopératives partagent des valeurs communes avec le lean. Au delà des valeurs, une organisation doit être performante et générer des revenus pour vivre. Le Sommet International des Coopératives traitait avant tous des enjeux économiques des coopératives. En particulier, de nombreuses études inédites y ont été présentées.

Dans ce second article, je vous résume les résultats d’une étude de McKinsey, présentée par M. Éric Lamarre.

Des coopératives performantes

McKinsey utilise un indice interne, le OHI (Organizational Health Index), pour comparer la performance des organisations. Cet indicateur basé sur 170 questions couvre le leadership, la culture d’entreprise et le système de contrôle. L’étude compare l’indice OHI de coopératives, avec des sociétés à capital action dans les mêmes secteurs et pays.

Les coopératives sont meilleures que les sociétés à capital action sur deux volets en particulier :

  • les employés sont plus mobilisés et
  • les opérations sont plus alignées avec les stratégies.

Ces deux aspects sont des facteurs de succès de l’implantation de l’excellence opérationnelle. C’est pourquoi les entreprises à capital action devraient s’inspirer du modèle de gouvernance des coopératives. Elles amélioreraient ainsi la mobilisation et l’alignement.

Les trois enjeux organisationnels rencontrés par les coopératives sont :

  1. La prise de décision. Le processus démocratique est parfois long et peu performant. Les meilleures pratiques consistent à définir clairement les rôles des cadres et administrateurs. Les coopératives devraient de plus utiliser les nouvelles technologies pour consulter les membres.
  2. La poursuite d’opportunités à proximité du cœur de métier. L’utilisation du capital des membres actuels pour développer la coopérative et servir d’autres membres présente des enjeux d’adhésion.
  3. Le développement et la recherche de talents. Comme pour les sociétés à capital action, l’attraction et la rétention des salariés représente un enjeu majeur. Cet enjeu est encore plus important pour les coopératives, de part la proximité entre leurs employés et les membres de la coopérative.

Rendre la démocratie efficace

Une des questions récurrentes du Sommet était : est ce que le fonctionnement démocratique des coopératives nuit à leur efficacité opérationnelle ?

Au travers de mes connaissances en efficacité opérationnelle et des résultats de cette étude, je pense que les coopératives, comme les entreprises à capital action ont des avantages et des inconvénients dans leur modèle de gouvernance.

Les entreprises à capital action doivent travailler sur l’implication des employés et la vision long terme. À l’opposé, les coopératives ont un effort à faire sur leur expansion et le choix des activités. Elles doivent se diversifier à proximité de leur cœur de métier, pour pérenniser leur actif.

Les coopératives tirent un grand avantage de leur modèle de gouvernance démocratique. Par contre, elles doivent le rendre efficace. Pour ce faire, elles peuvent :

  • Former les dirigeants,
  • Former les membres,
  • Utiliser les nouvelles technologies
  • Mettre en œuvre de différents principes lean

L’enjeu du recrutement ne leur est pas propre. Comme elles sont perçues comme désuètes, le système capitalistique les caricature. Elles doivent donc travailler sur leur image de marque pour attirer les meilleurs talents. Ensuite, les valeurs intrinsèques des coopératives aident la rétention.

Les coopératives, un modèle d’avenir

Jacques Attali faisait des parallèles intéressants. Les coopératives ont été crées en Europe pour faire le pont entre le système féodal et le système capitaliste. Selon Attali, les réseaux sociaux et les nouvelles technologies sont coopératifs. Ils allient, comme les coopératives, les nécessités de l’économie et ceux de la démocratie.
Par exemple, un membre d’un forum Internet qui agit contre sa communauté se voit banni. Les coopératives peuvent être une solution pour faire le pont entre le modèle capitalistique actuel et le Futur.

Les coopératives savent motiver les équipes et suivre leurs objectifs. Toutefois, elles peinent à s’adapter aux changements du marché et à dénicher de nouvelles opportunités. C’est pourquoi les outils lean peuvent les aider.