Une cartographie, pourquoi, comment?

Un des outils de base de l’amélioration des processus est la cartographie. Il est difficile de faire sans. Mais à quoi sert une cartographie ? Comment choisir le bon type de cartographie ? Diagramme de flux, VSM, BPMN, FIPEC, Service blueprint … Je reviens sur les bases et vous guide dans le choix de l’outil le plus approprié. 

Pourquoi faire une cartographie? 

De tout temps, nous avons utilisé les cartes. Cette pratique remonte à l’Antiquité et a fait ses preuves. En amélioration des processus, nous utilisons le même terme, bien que le sujet soit un processus plutôt qu’un lieu. Le visuel aide à comprendre l’information.

Une image vaut mille mots.

Confucius, philosophe 551-479 av J.C 

D’une façon plus générale, une carte sert à se repérer : où suis-je, quelle est le meilleur chemin pour aller à ma destination ? Avec des cartes mises à jour en permanence, je suis toujours sûre de prendre le bon chemin. C’est la même chose avec les processus, en gardant la cartographie à jour, l’utilisateur s’assure de toujours procéder de la bonne manière. 

Comment utiliser la cartographie? 

Pour moi, la cartographie sert avant tout à engager une conversation. Quand une équipe dessine un processus, il y a toujours des surprises. C’est de cette conversation que viennent les améliorations. En observant le processus, il est facile de trouver comment l’améliorer. Les nœuds, les va-et-vient, les boucles apparaissent clairement sur une cartographie. 

Dans l’idéal, la cartographie est faite sur le Gemba, ou après un passage sur le Gemba, afin que tous aient pu visualiser le processus en action.

La cartographie est ensuite utilisée comme document de référence. Elle sert à la formation ou à l’exécution des processus. C’est la mémoire (vivante) de comment fonctionne l’organisation. Les processus clés d’une organisation devraient tous être cartographiés. Imaginez si une seule personne connait une région et la zone d’approvisionnement en ressource. Si cette personne quitte l’organisation, vous devrez explorer de nouveau la région pour redécouvrir la zone. C’est important de cartographier et garder à jour les savoirs les plus importants. 

Comment choisir le bon type de cartographie? 

Le diagramme de flux 

C’est la façon la plus simple de cartographier. Quand je ne sais pas le type de problèmes que le processus rencontre, c’est celle que je prends pour commencer. La nomenclature est simple : les tâches sont des rectangles, les décisions des losanges et le tout est relié par des flèches. 

Elle aide aussi à identifier la chaine de valeur.

Diagramme qui illustre les décisions: Chercher une grappe puis regarder la grappe. Est-ce que le raisin est mûr? si non, reprendre au début, si oui cueillir la grappe. Est-ce que le sac est plein? si oui aller vider le sac et recommencer au début, sinon recommencer au début.
Exemple de diagramme de flux

Cette cartographie est utile pour illustrer les points de décision ou les options. Étant un diagramme fonctionnel, elle n’a pas de norme ou requis spécifique. Toutefois, je recommande de rester simple. Vous pouvez représenter les activités par des rectangles, les étapes par des flèches et les décisions par des losanges.

Value Stream Mapping 

Quand vous cherchez à améliorer les délais : le temps de cycle, le délai ou la cadence, alors vous devriez utiliser la cartographie de la chaine de valeur. La nomenclature est précise et nécessite une formation, mais elle est puissante. Les goulots apparaissent clairement. C’est aussi l’outil de choix en théorie des contraintes

La documentation de ce type de cartographie nécessite plus de recherche, car vous devrez indiquer les temps, défauts, ressources. Le résultat est plus complet et facilite la prise de décision quand les améliorations ne sont pas évidentes. Elle est utilisée dans les organisations plus matures. 

Exemple de VSM

BPMN (Business Process Model and Notation) 

Cette cartographie reprend les principes du diagramme de flux, mais ajoute une couche supplémentaire: des corridors. Ces derniers aident à distinguer qui fait quoi. C’est particulièrement utile quand on cherche à améliorer les interactions entre différents services, ou à clarifier les rôles et responsabilités. 

Pour une utilisation comme diagramme technique, pour automatiser des processus, vous devrez être rigoureux dans l’utilisation des symboles et couloirs. Pour que l’ordinateur qui interprète votre diagramme le comprenne, il faudra être précis et documenter tous les cas.

FIPEC/SIPOC

Le FIPEC (Fournisseur, Intrant, Processus, Extrant, Client) ou SIPOC (Supplier, Input, Process, Output, Customer) identifie les processus en se concentrant sur les intrants et les extrants. Son avantage est qu’il identifie clairement les interactions entre la chaine de valeur et l’extérieur. C’est un bon moyen de débuter si vous n’êtes pas sûrs de vos processus principaux. Il peut se décliner à différents niveaux de détails selon le besoin.

Il est également utile pour définir les « carrés de sable » ou les limites de chaque processus.  Voici un exemple pour le vignoble.

Fournisseur: distributeur agricole
Intrants: engrais
Processus : entretien de la vigne
Extrants: Raisins mûrs
Clients: Entrepot
Exemple de FIPEC

Service blueprinting 

J’ai déjà partagé beaucoup de détails sur cette cartographie. Elle vise à identifier les interactions entre le client et l’organisation. Le service blueprinting oriente l’amélioration du processus sur les efforts du client. Elle vise à simplifier les processus de son point de vue. 

Quand cartographier ? 

Tout le temps ! Tout projet d’amélioration devrait commencer par une cartographie, au moins un brouillon, pour assurer la compréhension de tous. Et sur le Gemba de préférence…